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Le mécanisme de sueur enfin reproduit by Microfactory

29 août 2019

Issue de la recherche de pointe en microfluidique, Microfactory propose à l’industrie cosmétique un pore biomimétique, à ce jour la seule véritable alternative aux tests sur la peau humaine ou les épidermes artificiellement reconstitués. Une technologie de rupture offrant des avantages déterminants.

A l’origine de l’idée de cette entreprise, on trouve Patrick Tabeling, chercheur au CNRS et expert de renommée mondiale en mécanique des fluides qui avait ramené de ses séjours aux Etats-Unis ce secteur encore tout neuf qu’est la microfluidique, la science et l’art de manipuler les fluides à toute petite échelle. Très utilisée dans les biotechnologies, cette science permet par exemple de comprendre la circulation de la sève dans les arbres ou du sang dans les veines… Patrick Tabeling a ainsi créé au sein de l’ESPCI le premier laboratoire de microfluidique. De son coté Fabrice Monti, ingénieur au CNRS, s’est spécialisé en instrumentation et a réalisé sa thèse sur la compréhension de la physique d’écoulement de polymères. Fabrice Monti a rejoint l’équipe de Patrick Tabeling. Ils forment un duo d’exception dans le domaine.

« Ce qui est particulièrement intéressant dans la microfluidique, c’est la grande diversité des applications possibles dans des domaines différents », explique Fabrice Monti. Le stylo bille ou les tests de grossesse sont des exemples d’applications microfluidiques. C’est en 2014 que Patrick Tabeling et Fabrice Monti décident d’associer Jacques Lewiner, détenteur d’un millier de brevets déposés en France et aussi ancien Professeur de l’école, à la création d’une entreprise dédiée à la biotechnologie et à la microfluidique. Après deux années de tâtonnements infructueux, Fabrice Monti prend le parti de s’attacher plus particulièrement à reproduire fidèlement les phénomènes de sudation. En parallèle, il suit la formation HEC Challenge+ dédiée à l’entreprenariat. et se met en disponibilité du CNRS fin 2017 pour se consacrer depuis pleinement au management de la jeune société.

Microfactory met au point et commercialise une solution clé en main (SOD4) permettant de maitriser les fluides en environnement contrôlé, associée à une puce microfluidique (Smart-Pore™) qui modélise les pores de la peau. Smart-Pore™ est spécifiquement adapté à l’usage de l’industrie cosmétique, notamment pour l’étude de l’efficacité des anti-transpirants, mais également pour des tests de tenue du maquillage. « C’est mon année à HEC qui m’a permis de définir précisément l’ensemble des éléments d’un business plan cohérent, les besoins clients et les cibles marché les plus susceptibles d’être touchés par les produits que nous étions en mesure de développer. »

Le premier pore humain artificiel et transparent pour voir sous la peau

La mise au point des produits cosmétiques demande de nombreux tests pour valider les revendications exprimées. Il y a bien sur les tests de toxicologie concernant les le maquillage, la protection solaire ou les produits d’hygiène qui se réalisaient avec 2013 sur des animaux. Depuis l’interdiction de ce type de tests, une partie de ces tests est réalisée sur peau artificielle, l’autre doit se faire sur un panel de volontaire.

Si les tests sur un panel humain sont les plus représentatifs, ils s’avèrent coûteux en temps et complexes à mettre en œuvre. Ils ne peuvent donc arriver qu’en fin de processus de développement de formulation. Par ailleurs, chaque individu, chaque application ou environnement étant différent, les résultats de ces tests sont souvent peu précis et se prêtent mal à la cosmétique personnalisée.

L’alternative est le recours à des épidermes humains reconstitués. Dans ce cas de peau reconstituée, certes plusieurs paramètres sont contrôlables et les tests plus rapides. Mais la peau artificielle ne permet pas de reproduire deux mécanismes fondamentaux de l’homme, la sudation et la production de sébum. L’Homme présente entre 10 et 16 millions de glandes sudorales produisant au total plusieurs litres de sueur par jour. Il est capital pour le domaine de la cosmétique de pouvoir évaluer l’impact de ces mécanismes corporels sur les produits cosmétiques.

Une solution résolument novatrice

« Quel est l’impact de la production de sueur ou de sébum sur la protection d’une crème solaire ? Sur la tenue d’un fond de teint ? À quel point peut-on réduire la quantité de chlorure d’aluminium dans les anti-transpirants sans en impacter l’efficacité ? Les industriels ont du mal à répondre à ces questions qui sont la clé des futurs produits cosmétiques» interroge Fabrice Monti. Microfactory a développé deux technologies qui permettent de répondre à ces problématiques. SOD4 est un instrument capable de gérer l’écoulement de fluides en très petite quantité avec une précision extrême, à des débits correspondant aux sécrétions de la peau humaine. De son côté Smart-Pore™ (la marque est déposée) est le premier pore humain artificiel et transparent.

L’association de SOD4 et de Smart-Pore™ permet de mesurer l’impact des produits cosmétiques sur la production de sueur sous la peau mais aussi l’inverse l’impact de la production de sueur/sébum sur les produits déposés sur la peau. 

« Dans l’écrasante majorité des cas, les produits anti-transpirants sur le marché tirent leur efficacité des sels d’aluminium présents dans leurs formulations. Les consommateurs exigent des produits de plus en plus sûrs pour la santé, c’est pourquoi la Communauté Scientifique Européenne a recommandé d’abaisser la concentration en sels d’aluminium à 0,6% alors qu’elle est actuellement autour de 15%, soit 25 fois plus que le seuil préconisé», développe Fabrice Monti, justifiant ainsi la technologie propre à Smart-Pore™ adaptée à un screening rapide et quantitatif de l’efficacité de formulations anti-transpirantes.

Des clients prestigieux ont rapidement fait appel à ces solutions. « Les laboratoires de formulation de grands groupes français et étrangers se sont portés acquéreurs de nos équipements et nous réalisons de la prestation de service pour Unilever et d’autres comme ACmarca ». Le gain de temps est le premier bénéfice qui séduit les utilisateurs. Si l’on considère que les tests de toxicologie suivis de tests sur humains prennent régulièrement huit semaines pour parvenir à valider un nouvel ingrédient, une nouvelle formulation et que Smart-Pore™ mis au point par Microfactory permet d’avoir les résultats dans l’heure, on mesure le spectaculaire avantage qu’apporte la nouvelle technologie. L’industriel peut ainsi multiplier les tests rapidement et à moindre coût tout au long de la mise au point d’une nouvelle formulation.

Smart-Pore™ apporte d’autre type d’information jusqu’à lors inaccessible comme voir sous la surface de la peau.

Au plus près de la peau humaine

« Lors notre deuxième phase de développements, nous avons apporté d’autres innovations dont la plus importante est l’ajout de peau artificielle sur notre pore artificiel, à partir de véritables cellules humaines, ce qui ouvre encore d’autres champs d’applications comme par exemple dans les crèmes solaires et le maquillage qui représentent 39% des ventes de produits cosmétique», développe Fabrice Monti. « On s’intéresse également au maquillage, la tenue des fonds de teint et autres eyes liners dont, par exemple, la brillance ou la tenue peut être affectée par la production du sebum par la peau… On réinvente la peau, mais dans une perspective résolument différente de la peau artificielle, explique encore Fabrice Monti, en privilégiant le point de vue de la physique des fluides plutôt que le seul microbiote de la peau. On va s’intéresser à la physique des fluides sur la peau, aux frottements mis en œuvre dans l’application d’un produit cosmétique et à la tenue mécanique sur ce support qu’est la peau ».

S’adapter pour élargir ses marchés

Souhaitant demeurer étroitement associée à l’univers de la recherche académique, l’équipe de Microfactory compte en plus de Fabrice Monti, deux docteurs, une biologiste, un technicien développeur et un technicien de production utilise les moyens dont dispose l’Institut Pierre Gilles de Gènes. Spécialiste de l’instrumentation, la société peut apporter toutes les modifications utiles à ses équipements pour satisfaire de nouvelles exigences de ses clients. Les partenaires de la Cosmetic Valley figurent naturellement parmi ses cibles de clientèle, Microfactory souhaite désormais s’ouvrir au marché plus large des laboratoires indépendants de tests en Europe. « L’approche est différente puisqu’il s’agit de convaincre les prestataires de tests de s’équiper de nos instruments afin d’améliorer leurs propres prestations de services. »

La prospection passant ainsi de la quinzaine de formulateurs européens de produits anti-transpirants à plus d’une centaine de laboratoires indépendants, la partie commerciale sera renforcée dans les semaines qui viennent. A côté de Smart-Pore™ , le nouveau produit doté de cellules de peau Bio Smart-Pore™ sera en outre proposé dans un second temps, confie Fabrice Monti. Il permettra d’adresser le marché plus large encore du maquillage / make up. A plus longue échéance, Fabrice Monti se plaît à imaginer une cosmétique sur mesure, personnalisée en fonction de la couleur, la texture de chaque peau… non pas l’e-cosmetic qui peine à démontrer sa pertinence auprès de l’utilisatrice finale, mais plutôt une aide au choix en boutique, selon une modélisation qui permettrait à toute vendeuse-conseillère de tester des produits en réel auprès de chaque consommatrice-teur. Autant de mini-labos à disposer sur chaque point de vente…

Propos recueillis par Jean-François Romain

En bref

De la recherche de pointe aux applications cosmétiques


Récemment lauréat de « The Cosmetic Victories » dont la finale aura lieu le 6 juin prochain lors d’un concours de pitch qu ministère des finances,

lauréat de la finale du Rising Star Award à In-Cosmetics 2019 et ayant obtenu le prix de l’innovation lors du dernier Cosmetic360, Microfactory est une start-up issue de l’un des meilleurs laboratoires de microfluidique de l’ESPCI. Placé sous la direction de cette prestigieuse école qui a été dirigée par Pierre Gilles de Gènes et a obtenu sept prix Nobel, l’Institut Pierre Gilles de Genes (IPGG) est un lieu unique en Europe regroupant 14 équipes de recherche dans le domaine de la microfluidique. « J’ai passé 15 ans dans cette école d’ingénieur dont 10 ans dans le laboratoire de Patrick Tabeling », explique Fabrice Monti, co-créateur et dirigeant de la société. Domaine en pleine expansion, la microfluidique a des applications dans de multiples disciplines : « Notre but est de valoriser notre savoir faire en le mettant à la disposition des industriels. En 2016 nous avons développé, spécifiquement pour les applications cosmétiques, un pore artificiel biomimétique, testé auprès des acteurs majeurs du domaine. Smart-Pore™ est ainsi le premier test in vitro pour les formulations d’anti-transpirants et est intégré à notre appareil de contrôle et de mesure SOD4 ».

Voir la vidéo 

www.microfactory.eu

www.mmnlab.com 

www.institut-pgg.fr

Contact

Fabrice Monti, PhD & CEO

11 rue Vauquelin 75005 Paris 

Tél: + 33 (0) 6 62 72 04 61  –

Fabrice.monti@microfactory.eu